Pelouses calcicoles
Larris ou savarts
Partout où la craie est apparente, talus et versants d’herbes rases se parent au printemps de couleurs vives...un petit coin de midi dans le Nord. Les pelouses calcicoles, issues de la déforestation, se font rares dès qu’elles ne servent plus de pâture aux troupeaux, car la forêt repousse vite.
Larris - Larris
Crédits : B.Gouhoury/Région Picardie
Les pelouses calcicoles appelées “larris” ou encore “savarts” (à proximité de la Champagne) se développent sur les corniches et les coteaux, dans des lieux où le calcaire affleure.
Issues de la déforestation, elles ont surtout été utilisées pour le pacage des moutons et des chèvres. Les arbres et arbustes envahissent les pelouses calcicoles depuis que les moutons n’y paissent plus.
Aujourd’hui, les pelouses, encore nombreuses mais de surface très réduite, ne représentent plus qu’environ 1500 ha, auxquels il convient d’ajouter les vastes savarts encore présents dans le camp militaire de Sissonne.
Famechon, pelouses calcicoles - Famechon, pelouses calcicoles
Crédits : CRDP d'Amiens
La rivière a creusé suffisamment sa vallée pour atteindre le toit de la nappe libre contenue dans la craie et permettre à des sources d’écouler l’eau souterraine alimentant le cours d’eau. Le fond de vallée actuel résulte d’un remblaiement alluvial au cours des derniers milliers d’années.
Très humide, il est laissé en prairies naturelles. Au pied des versants apparaissent les labours sur des terres mieux égouttées. La partie inférieure des talus, couronnés de bois, est encore couverte d’une pelouse calcicole
Un petit coin de midi
Située généralement en marge de milieux plus larges, tels que cultures et forêts, une pelouse calcicole est un tapis d’herbes basses où se mêle, à la flore locale, une grande variété de plantes “méridionales”, adeptes du grand soleil et capables de résister aux plus fortes sécheresses. Des plantes aromatiques (serpolet, origan…) y voisinent avec le polygale vulgaire, aux curieuses fleurs bleuâtres, avec la Spiranthe, la Parnassie, .
Là, l’hélianthème affiche avec ostentation ses éphémères fleurs jaune d’or.
Enfin, les orchidées, arrivées des montagnes calcaires du nord de la Méditerranée, ont trouvé ici une terre d’élection.
Orchidée - Orchidée
Crédits : Thierry Rigaux/Région Picardie
Une telle profusion de nectar enivre des cohortes de papillons.
Le machaon, impressionnant avec ses dix centimètres d’envergure, volette avec grâce aux côtés du damier de la succise, de l’azuré bleu céleste ou du Bel Argus. On y trouve aussi l’’oiseau Tarier plâtre et des criquets.
Le hibou moyen-duc profite de la lisière proche pour installer son nid. Sur des pelouses du sud de la Picardie, entre deux buissons de genévriers, lézard vert, mante religieuse ou cigale des montagnes se fondent dans la végétation.
Vaines pâtures
Plantation de résineux, exploitation de la craie, pratique sauvage du moto-cross ou extension du vignoble dans la vallée de la Marne ont sensiblement réduit les surfaces dévolues aux pelouses calcicoles.
Mais le moteur principal de leur raréfaction est sans conteste l’abandon progressif du pâturage par les ovins.
Les “vaines” pâtures n’ont jamais aussi bien porté leur nom ! Les lapins ont, un temps, pris le relais, mais leurs effectifs ont été laminés par les épidémies cycliques de myxomatose.
Faute de dents acérées, buissons et arbustes, avant-garde de la reforestation, croissent rapidement au détriment des espèces spécifiques des milieux secs.
Le retour de moutons et de chèvres sur certaines pelouses serait souhaitable. L’élevage extensif redevient alors un véritable acteur de la protection de la nature.
Larris à Guizancourt - Larris à Guizancourt
Crédits : CRDP d'Amiens
Pour remettre en état des larris, des chantiers de bénévoles sont organisés avec le concours du conservatoire des sites naturels de Picardie